Vous êtes intéressé par les possibilités de lancement et de développement d’une organisation sans but lucratif ?
Nous avons eu le privilège de nous entretenir avec Eric Steinberger, co-fondateur et PDG de ClimateScience, une plateforme qui œuvre à doter les gens des connaissances nécessaires à la compréhension et à la résolution des problèmes du changement climatique. Fondé en 2019, cet organisme à but non lucratif compte aujourd’hui plus d’un million d’utilisateurs et une équipe d’un millier de bénévoles répartis dans 40 pays.
Nous avons interrogé Eric sur son parcours au sein de ClimateScience et sur les enseignements qu’il prodigue aux personnes désireuses de créer un organisme sans but lucratif.
Qu’est-ce qu’un organisme sans but lucratif ?
Contrairement aux idées reçues, un organisme sans but lucratif ne désigne pas une organisation incapable de générer des revenus, mais une organisation dont l’objectif principal est autre que de verser des bénéfices à des actionnaires. En effet, les organismes sans but lucratif ont généralement une mission sociale, caritative, environnementale, éducative ou religieuse.
À ce titre, un organisme sans but lucratif peut réaliser des bénéfices et embaucher des employés rémunérés. La principale distinction par rapport à une entreprise traditionnelle est l’absence d’actionnaires, c’est-à-dire de personnes qui détiennent une participation dans la société en échange d’une part des bénéfices. Dans certains pays comme le Royaume-Uni ou les États-Unis, les organismes sans but lucratif sont exonérés de l’impôt sur les sociétés.
ClimateScience est une organisation à vocation éducative. Bien que l’ensemble de son contenu et de son matériel pédagogique soit gratuit, elle organise des ateliers destinés aux entreprises afin de générer des revenus et de couvrir les dépenses liées à la création de ses produits d’apprentissage gratuits. Une équipe d’animateurs experts se réunit pour organiser des ateliers à l’intention d’entreprises de toutes tailles, dans le but de leur inculquer des notions de base sur le changement climatique et de les aider à résoudre des problèmes liés aux activités de leur société.
Trouver un problème à résoudre
Pour Eric Steinberger, la clé de la réussite d’une société, qu’elle soit à but lucratif ou non, consiste à combler un vide, à trouver un problème à résoudre.
« Nous avons identifié un problème qui nous tenait vraiment à cœur », nous a-t-il confié, « après avoir littéralement cherché sur Google des solutions au changement climatique, sans trouver de matériel adéquat, à la fois fiable et précis, tout en étant ludique et captivant ».
ClimateScience a vu le jour lorsque deux co-fondateurs ont créé un compte Instagram présentant des infographies captivantes et des légendes informatives sur les causes, les conséquences et les solutions du changement climatique. La page a atteint 40 000 abonnés en l’espace de deux mois et a suscité l’intérêt d’enseignants désireux d’utiliser ce contenu pour dispenser leurs cours.
En dépit du succès immédiat, Eric souligne qu’il ne s’agit pas d’un coup de chance ; en effet, ils avaient identifié un problème important dont la solution faisait l’objet d’une demande. Vous ne pouvez pas créer une société en vous disant « Je veux que mes clients fassent X », dit-il. Vos utilisateurs ou clients sont votre source de revenus et il faut donc commencer par réfléchir à ce qu’ils recherchent.
Se rallier à un objectif
Nombreuses sont les start-ups qui éprouvent des difficultés pendant la phase de croissance, que ce soit pour recruter à un rythme soutenu, pour entretenir la motivation du personnel ou pour le retenir. Au départ, les entrepreneurs sont au courant des activités de chacun ; toutefois, à mesure que l’organisation se développe, le niveau de contrôle s’amenuise. Nous avons demandé à Eric de nous expliquer comment il a réussi à développer ClimateScience avec autant de rapidité et d’efficacité.
ClimateScience a vu son nombre de volontaires passer de deux à dix, puis à cent, pour atteindre aujourd’hui plus d’un millier de volontaires issus de 40 pays. L’organisme compte également 11 employés rémunérés mais Eric demeure un bénévole à temps plein en sa qualité de PDG. Selon lui, les processus et l’alignement jouent un rôle déterminant dans l’engagement et la motivation des volontaires et employés.
« Votre mission et votre objectif doivent être si explicites que personne ne peut les interpréter de manière erronée, et vous devez les répéter deux fois par jour rien que pour veiller à ce que tout le monde prenne la même direction, » dit-il.
Mettez en place des processus et des structures internes que toutes vos équipes pourront reproduire. En fait, Éric nous a confié que l’équipe de ClimateScience a mené des tests A/B afin de déterminer les structures d’équipe optimales pour gérer l’organisme. Au final, ils ont opté pour des équipes d’un à cinq membres, avec un seul chef. Les idées de chacun sont prises en compte et valorisées, mais le fait de désigner une personne aux commandes renforce la responsabilité.
Les défis et les avantages de la gestion d’un organisme sans but lucratif
La gestion d’un organisme sans but lucratif soulève des défis spécifiques, à commencer par la nécessité de compter des bénévoles parmi les effectifs. Nous avons demandé à Eric de nous décrire sa manière d’aborder ses difficultés.
Eric nous a fait savoir que, compte tenu du caractère essentiellement bénévole du personnel, il est normal qu’il y ait toujours des personnes qui partent et d’autres qui arrivent. Ce qui compte, selon lui, c’est de partager un état d’esprit et des valeurs identiques. Il faut identifier des personnes qui sont aussi passionnées que vous par le projet ; celles-ci y demeureront. Même en tant que PDG, Eric n’est pas rémunéré par ClimateScience, et comme il n’y a pas d’actionnaires, nul ne réalise de bénéfices au sein de l’organisation. « Il est clair que nous sommes tous là pour résoudre un problème », déclare Eric.
Si la gestion d’une équipe de volontaires peut présenter des contraintes, Eric n’a pas manqué de souligner les nombreux avantages d’une société sans but lucratif. Tout d’abord, les volontaires sont prêts à sacrifier leur temps sans rémunération, ce qui signifie que leur motivation est souvent plus élevée que celle des employés.
Par ailleurs, de nombreuses entreprises d’informatique et de technologie proposent des plans destinés aux organismes de bienfaisance et sans but lucratif. Slack offre aux organismes sans but lucratif un abonnement gratuit à la version Pro pour les espaces de travail de 250 membres ou moins, et une remise de 85 % pour les espaces de travail plus importants. Google Ad Grants offre aux organismes de bienfaisance et sans but lucratif jusqu’à 10 000 $ par mois en budget publicitaire pour promouvoir leur cause. Eric rappelle qu’il faut prêter une attention particulière à ces programmes, dont l’impact sur les organisations à but non lucratif peut se révéler considérable.
Conseils à toute personne envisageant de créer un organisme sans but lucratif
Pour conclure, nous avons interrogé Eric sur les conseils qu’il pourrait donner à quiconque envisage de créer ou de rejoindre un organisme sans but lucratif. Voici ce qu’il nous a dit :
- Travaillez pour la start-up adéquate, pas pour la première start-up qui se présente. Une bonne idée nécessite énormément de temps, « et vous ne pouvez pas la programmer deux mois avant la remise de votre diplôme universitaire ». Si vous sentez d’instinct que le projet est voué à l’échec, ne le mettez pas en œuvre. Si après avoir commencé, vous vous rendez compte que l’une de vos hypothèses est fausse, ne persistez pas dans votre démarche à cause de votre ego. « La frontière subtile entre l’abandon et la décision de délaisser la mauvaise chose au profit de la bonne repose sur l’honnêteté avec soi-même quant aux raisons qui ont mené à l’échec ».
- Privilégiez l’utilisateur/le client. Si vous adhérez à votre idée mais que vous n’êtes pas sûr des détails, élaborez un prototype et présentez-le aux utilisateurs. Leur expérience et leurs retours serviront de base au développement de votre produit.
- Foncez ! Si vous pensez que c’est gagné, franchissez le pas et lancez-vous.
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